Est-ce dangereux d’être trop gentil ? Ce matin, l’algorithme YouTube m’a proposé de regarder la vidéo “Les dangers d’être trop gentil” par Gabor Maté* publiée sur la chaîne Way of Thinking. La réponse de Gabor Maté est claire : être trop gentil peut vous tuer.
Il nous dit pourquoi. Son explication est très proche de la théorie de la personnalité de Carl Rogers et elle est claire et concise. C’est pourquoi j’avais envie de vous en parler ici. Vous pouvez regarder la vidéo (8 minutes, en anglais sous-titré) ou bien lire le petit résumé que j’en fais ci-dessous.
Être trop gentil: un mécanisme d’adaptation
Être (trop) gentil.le, être (trop) aimable, être (trop) serviable au détriment de ses propres besoins correspond à un mécanisme d’adaptation. Cette adaptation (ou maladaptation) se met en place quand on a pas reçu suffisamment d’amour ou bien un amour conditionnel. On est prêt à tout pour avoir ou converser cet amour qui nous a tant manqué, et on oublie nos propres besoins.
Les deux besoins fondamentaux de l’enfant
Ce sont des besoins de base car ils sont liés à notre survie.
S’attacher, être aimé.e
L’attachement (de l’enfant à ses parents et des parents à leur enfant) est un mécanisme puissant qui permet au petit enfant de survivre, au-delà de la simple satisfaction de ses besoins physiologiques (être nourri.e etc.). Nous sommes câblés pour l’attachement et ce câblage perdure toute la vie.
Être authentique
Être authentique, c’est être connecté.e à soi-même, à ce que l’on ressent, à ce que l’on perçoit et en tenir compte. Si je n’entends pas ou si j’ignore la petite voix intérieure qui m’avertit d’un danger que j’ai perçu, alors je peux ne pas survivre.
Quand il y a dilemme entre ces deux besoins : on mène une vie inauthentique
Si l’enfant perçoit que ses attachements sont menacés quand il est authentique alors, il va, de façon non consciente, réprimer son authenticité. Par exemple, si l’enfant sent qu’il risque de perdre l’amour parental quand il exprime de la colère, alors il réprimera cette colère (ne l’exprimera, voire ne la ressentira plus). Il s’agit d’un mécanisme d’adaptation pour conserver les liens d’attachement qui a un coût très élevé : perdre le contact avec ses émotions, ses besoins, etc. Cette perte de contact avec ses propres besoins et émotions peut s’exprimer par des symptômes, des maladies, des addictions, et aussi cette gentillesse inauthentique dont on parlait plus haut.
Comment je sais que je ne suis pas authentiquement moi-même ?
Quand je ne suis pas authentique (“de mauvaise foi” dirait Sartre), je ressens au fond de moi-même que je suis en train de me trahir. Je ressens un sentiment diffus de honte, de trahison, une souffrance. C’est la petite voix de mon vrai moi qui m’appelle. Et si je ne l’entends pas, alors le corps parlera plus fort (symptômes, maladies, dépression, etc.). Reconnaître ces signes pour ce qu’ils sont nous aide à sortir de cette incongruence et à vivre de manière alignée avec notre vrai moi.
* Gabor Maté est un médecin canadien spécialiste du trauma et des addictions. On peut le découvrir dans le passionnant documentaire La sagesse du trauma de Zaya et Maurizio Benazzo.